HISTOIRE 10
Austin-Healey 3000 (H-BJ8) MK III Sports Convertible (phase 2), production de mai 1964 à mars 1968
La phase 2 fait l'objet d'autres modifications n'ayant pu être mises en oeuvre sur la phase 1. Elles touchent notamment l'arrière du châssis avec une augmentation de 25 mm de la garde au sol, l'abaissement du tarage des ressorts de la suspension arrière, le guidage de l'essieu arrière ainsi que le renforcement des moyeux de roues à rayons (abordé précédemment). Les feux de position sont maintenant séparés des indicateurs de directions, le diamètre des disques de frein est augmenté. Des cylindres de fermeture à clé viennent équiper les boutons-poussoir des poignées de portes.
L'amélioration de la garde au sol permit non seulement d'offrir une meilleure protection de l'échappement mais également d'améliorer la tenue de route. La MK III a été produite durant près de quatre ans jusqu'à la fin de sa production en série, soit en novembre ou décembre 1967.
Quelques véhicules seront encore construits jusqu'en mars 1968. Le 90% de la production fut exportée vers les Etats-Unis et le Canada.
Production de la MK III H-BJ8 : 17'712 unités HBJ8L32852
John Chatham c.p.agr.
Austin-Healey MKIII phase 2, avec deux petites digressions quant à l'original. Lesquelles ? c.p.agr.
Austin-Healey 3000 MK III (MK3) phase 1
A l'avant: 1 combiné feu de position + indicateur de direction
A l'arrière: 1 combiné feu de position + frein + indicateur de direction et un catadioptre situé au-dessus
Austin-Healey 3000 MK III (MK3) phase 2
A l'avant: 1 feu de position et 1 indicateur de direction
A l'arrière: 1 combiné feu de position + frein et 1 indicateur de direction situé au-dessus
phase 2 avec catadioptres installés sur le pare-choc, selon la législation en vigueur
Austin-Healey 3000 (H-BJ8) MK III Sports Convertible (phase 1), production d'octobre 1963 à mai 1964 (introduite en février 1964)
Version avec jantes à rayons, peintes
c.p.agr.
c.p.agr.
En 1968, l'industrie automobile britannique traverse une période de profonds bouleversements, marquée par plusieurs grandes fusions. En 1965, Rover s'associe à Leyland pour former la Leyland Motor Company (LMC). Puis, en 1966, la British Motor Corporation (BMC) devient la British Motor Holding (BMH) après l'intégration de Jaguar. Cette série de regroupements atteint un nouveau tournant en 1968 avec la fusion de la LMC et de la BMH, donnant naissance à la British Leyland Motor Company (BLMC), qui regroupe désormais des marques prestigieuses comme Jaguar, MG, Triumph, Rover et Austin-Morris.
À la tête de ce nouveau géant, le controversé Sir Donald Stokes, ancien responsable des véhicules industriels chez Leyland, doit faire face à des conflits internes exacerbés par la succession des fusions et acquisitions. Ces tensions entravent rapidement la cohésion de l’entreprise, aggravant ses difficultés.
Ce même contexte voit la fin de la production de l'Austin-Healey MK III. Un destin que Donald Healey, fondateur de la Donald Healey Motor Company, n’avait probablement pas envisagé lors de son accord de partenariat avec Leonard Lord au London Motor Show de 1952. N'ayant guère d'autre choix que de s'approvisionner auprès de la BMC pour maintenir la fabrication de son véhicule 100 % britannique, Healey se retrouve finalement entraîné dans la chute de l'industrie automobile britannique. Michel Freyssenet dans son étude, analyse en détail les multiples raisons de cette débâcle industrielle.
Donald Gresham Stokes chef de la direction de BLMC c.p.agr.
Ralph Nader en 2011 c.p.agr.
MGB de 1980 c.p.agr.
Retour à fin 1967. Pour notre Austin-Healey, l'estocade finale viendra d'outre-Atlantique suite à la croisade d'un avocat et politicien américain du nom de Ralph Nader. Ce dernier réussit à faire adopter une série de mesures de sécurité dont l'entrée en vigueur est prévue pour le 1er janvier 1968. Ces nouvelles lois marqueront le début de la fin pour Healey aux Etats-Unis qui, comme nous l'avons vu, représente le 90 % du parc Austin-Healey dans le monde.
Ces nouvelles normes frappent bon nombre d'éléments du cabriolet, comme la résistance des portes aux chocs latéraux, l'installation d'un catalyseur sur la ligne d'échappement dont la mise en oeuvre s'avère impossible à cause de la faible garde au sol.
La culasse Weslake du moteur Morris ne peut quant à elle faire l'objet d'une mise à niveau afin de satisfaire aux nouvelles exigences en matière d'émission de gaz d'échappement. Bref ! Un train de mesures impossible à réaliser sans dénaturer complètement le véhicule, comme ce fut le cas pour la MGB arborant de disgracieux pare-chocs en plastique, imposés par ces nouvelles lois américaines.
Pour tenter de répondre à ces exigences, Donald Healey se lance dans la construction de la "4000" ou "Rolls-Healey" en utilisant un six cylindre Austin de type "R" construit par Rolls-Royce et destiné à l'Austin Princess.
Donald Healey obtient l'autorisation de Rolls pour estampiller sa nouvelle "4000" avec le sigle, "Powered by Rolls-Royce". Comme pour le modèle Austin A90 en 1952, l'Austin Princess se vendait mal. La fourniture de moteurs n'aurait donc pas posé de problème. Mais au vu de ces mauvais résultats, la BLMC réussit à se départir du contrat avec Rolls-Rolls, ce qui mit fin aux espoirs de DMH de sortir sa nouvelle voiture. Rolls-Royce avait même pour l'occasion, réalisé une culasse spéciale à double arbre à cames en tête. Mais il est trop tard. Donald Gresham Stokes (Lord Stokes) avait déjà dans l'idée de tuer Healey, MG et Cooper pour laisser le champ libre à Triumph. L'unique moteur à culasse spéciale est finalement parti équiper un prototype créé par Austin, qui sera contraint d'abandonner le projet à cause de graves erreurs de conception. Donald Healey n'eut pas eu le temps de récupérer ce fameux moteur Rolls-Royce avant qu'il ne parte à la ferraille avec le projet avorté pour lequel il était destiné.
Nostalgique, DMH dira dans sa biographie:"Si nous avions été autorisés à continuer, cela aurait été notre moteur. Et quelle voiture nous aurions réalisé !". Il y eut trois exemplaires de la "4000".
La "4000" (WilliamStorm) c.p.agr.
La 4000 devant le domicile de Donald Healey (The Healey Story) c.p.agr.
Le chant du Cygne