GUIDE D'ACHAT 1
GUIDE D'ACHAT
Acheter une voiture d'occasion n'est jamais une démarche anodine. Mais losqu'il s'agit d'un véhicule dépassant parfois les 70 ans pour les premiers modèles, l'enjeu devient encore plus intimidant. Les sommes en jeu ne sont plus comparables à celles d'une voiture classique, et le stress de "ne pas se faire avoir", devient un compagnon de route dès le début de la démarche.
Commençons par un point important : trouver une Austin-Healey entièrement d'origine, "matching numbers" avec toutes ses pièces et numéros conformes à la sortie d'usine, relève de l'utopie. Ces voitures, en raison de leur âge et de leur histoire peut-être mouvementée, ont nécessairement subi des modification ou des réparations, parfois à la suite d'un simple accident.
Une fois l'idée du "matching numbers" écartée, la première étape est de définir un budget réaliste. Si vous disposez de moyens illimités, vous n'aurez pas de difficulté à confier votre recherche à des spécialistes qui dénicheront pour vous un modèle rare, tel qu'une magnifique 100M d'usine. Mais même là, une question subsiste : s'agit-il réellement d'une 100M sortie des ateliers de Warwick, ou bien d'une modification réalisée par un concessionnaire ou un particulier sur la base des nombreux kits vendus à l'époque ? Seul le n° de châssis spécifique au 100M d'usine, vous renseignera.
Pour les budgets plus modestes, il est crucial d'étudier chaque opportunité avec soin. Quels que soient vos moyens, soyez prêt à consacrer du temps à cette recherche pour ne pas céder à une impulsion mal avisée. Un véhicule à prix avordable peut sembler une bonne affaires, mais risque d'entraîner des coûts élevés en réparations et en entretien.
Étudiez l'historique du véhicule
L'examen du dossier du véhicule est une étape essentielle. Idéalement, le vendeur devra être en mesure de fournir des documents tels que :
Tout justificatif attestant de l'entretien ou de l'origine du véhicule.
Si le vendeur ne possède que la carte grise, vous devrez vous contenter des informations minimales qu'elle fournit, notamment la date de première mise en circulation, Cependant, cette date n'est pas toujours celle de la fabrication. Avec le numéro de châssis, il est possible de retracer l'histoire du véhicule en demandant un certificat d'héritage auprès de l'Héritage Motor Center à Gaydon, en Angleterre. Ce document, obtenu moyennant un coût modique et quelques semaines d'attente, contient des données précieuses : date de fabrication, couleur d'origine, équipement, numéros de moteur, de carrosserie et pays de destination.
Attention aux vendeurs pressés
Un vendeur qui vous pousse à décider rapidement en invoquant un autre client sur liste d'attente, doit éveiller votre méfiance. Ces voiture d'amateur, au pris élevé, ne se vendemtn pas comme des petits pains. Prenez le temps de forger une opinion, et ne cédez pas à la précipitations.
Si le vendeur ne possède que la carte grise, vous devrez vous contenter des informations minimales qu’elle fournit, notamment la date de première mise en circulation. Cependant, cette date n’est pas toujours celle de la fabrication.
Certificat d'héritage c.p.agr.
Les zones sensibles c.p.agr.
Acheter à l'étranger : un pari parfois risqué
Une grande partie de la production, a été exportées aux États-Unis. Si vous repérez la voiture de vos rêves là-bas, mandater un expert local peut être une bonne idée pour évaluer son état. Attention cependant : même un expert qualifié ne pourra garantir l'état interne des pièces mécaniques, comme par exemple la boîte de vitesses. À titre d’exemple, un acheteur ayant importé une MK III BJ8 n’a découvert qu’après coup que les coquilles de palier du vilebrequin étaient fissurées, malgré une expertise préalable. Résultat : une coûteuse réfection moteur peu après l’importation en Suisse.
N’oubliez pas de prendre en compte les frais liés à l’importation : transport, taxes et démarches administratives. Un professionnel spécialisé peut vous assister pour ces formalités. Le trajet dans un container peut également réserver de mauvaises surprise à l'arrivée.
Certificat d'héritage c.p.agr.
Le châssis, constitué de deux profilés en "U" soudés face à face, est une autre zone critique. Si les surfaces internes n’ont jamais été traitées, le remplacement du châssis pourrait s’avérer nécessaire, avec une facture salée à la clé. Méfiez-vous des traitements au goudron, souvent utilisés pour "masquer la misère".
N.d.A : Sur mon véhicule, une fine couche de Tectyl ML couleur ambre, visible sur les photos ci-dessous, repousse efficacement l'eau. Cependant, la poussière s'y colle facilement, nécessitant un remplacement périodique, ce qui me permet aussi de vérifier l'état de la rouille.
La face inférieure du réservoir est directement en contact avec l'extérieur. Vérifiez son état général. S'il s'agit du réservoir d'origine, il y a de fortes chances que l'intérieur soit totalement rouillé. Le réservoir d'origine est donc souvent remplacé par une reconstruction récente en aluminium.
Carrosserie et châssis : attention à la corrosion
La rouille est le pire ennemi des anciennes en général. La carrosserie des Austin-Healey combine des ailes en acier jouxtant des panneaux en aluminium, séparés par un jonc pour limiter l’électrolyse. A l'origine, toute la carrosserie était en aluminium, matériaux doux qui ne supportait pas la pression excercée par les sangles, lors du chargement sur bateaux, à l'aide de grues portuaires.
Voici quelques parties à observer :
Cloques de peinture ou rouille visible à proximité le long des joncs.
Bas des portes et fond du coffre arrière.
Passages de roues arrière, sujets à l’accumulation de saletés retenant l'humidité dans les parties basses.
Panneaux de plancher, à vérifier en soulevant les tapis, y compris dans le coffre.
Mécanique : robustesse et points faibles
Contrairement aux idées reçues, la mécanique d'origine Austin est solide, à condition de respecter un entretien régulier.
Voici quelque points à surveiller :
Passage de roue avant c.p.agr.
Joncs de séparation acier/aluminium avant et arrière
c.p.agr.
Passage de roue arrière c.p.agr.
La présence de petits bouchons sur le châssis indiquent que l'intérieur a été traité. c.p.agr.
Réservoir en aluminum c.p.agr.
Fuites d’huile : Une petite perte d’huile au niveau du vilebrequin ou de la cloche d’embrayage est normale.
Cependant, des fuites excessives nécessitent une investigation approfondie. Une fuite peut également se produire au palier de l'arbre à cames (côté cylindre #6)
Rappelons cette célèbre maxime : "Une anglaise qui ne perd pas d'huile est une anglaise qui n'en a plus." Toujours aborder son véhicule, en tenant compte du contexte et des standards de son époque de conception.
La photo ci-contre illustre clairement que les standards des chaînes de montage de l'époque, ressemblaient davantage à ceux d'un atelier de serrurerie.
Refroidissement : Les premiers moteurs à 4 cylindres avaient tendance à chauffer, entraînant parfois des déformations ou fissures de culasse. Le moteur 6 cylindres est plus robuste, mais surveillez l’état du circuit de refroidissement qui est souvent négligé. Vérifiez s'il n'y a pas de "mayonnaise" en ouvrant le bouchon de remplissage d'huile situé sur la cache-culbuteurs. (L'eau mélangée à l'huile moteur prend l'apparence de la mayonnaise, un signe typique d'un problème de joint de culasse.)
Transmission : Les boîtes de vitesses, hormis celles des 100 BN1 d'origine, sont généralement fiables. L’overdrive, s’il est mal utilisé (changement de vitesse sans débrayer), peut s’user prématurément. Vérifiez qu'il ne patine pas.
Partie électrique : D'origine LUCAS et surnommée avec humour "Prince of Darkness" ou "Prince des ténèbres", les accessoires LUCAS possède un avantage, mais surtout des inconvénients.
Avantage : Equipait pratiquement toutes les marques britanniques, comme Jaguar, Triumph, MG, Austin, Morris, et Rolls-Royce.
Inconvénient : Mauvaise fiabilité, connexions non étanches et corrosion.
D'origine, les véhicules sont à la masse positive et d'autres ont été convertis à la masse négative. La masse positive pose des problèmes pour l'installation d'accessoires à polarité standard.
Quelques faits et citations à propos de Lucas :
Chaîne de montage de la MKIII chez Jensen c.p.agr.
Interrupteur Lucas à trois positions : faible, vacillant, off.
Lucas : inventeur des premiers essuie-glaces intermittents (des fois ça marche, des fois ça marche pas).
Pourquoi les anglais boivent la bière tiède ? Parce que Lucas fait aussi des réfrigérateurs.
Alexander Graham Bell inventa le téléphone, Thomas Edison inventa la lampe à incandescence, Joseph Lucas inventa le court-circuit.
c.p.agr.
c.p.agr.